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Chez Jirluin
6 décembre 2007

LA BETE DU DEVONSHIRE

L'hiver 1855 est tellement rude en Angleterre que même le comté de Cornouailles, dans l'ouest du pays, est recouvert par la neige. Le matin du 8 février, les habitants de la région du Devonshire découvrent avec stupéfaction et inquiétude de longues lignes d'empreintes en forme de petit sabot de cheval.

Ces empreintes qui mesurent dix centimètres de long sur sept de large, sont étranges a bien des égards. Leur régularité, leur netteté et leur alignement parfait comme si elles avaient été la conséquence d'un sautillement sur une seule patte, frappe les innombrables témoins et éveille l'attention du public. Plus troublant encore, la neige n'est pas écrasée au fond des empreinte, mais elle a purement et simplement disparu, comme si elle avait été enlevée au fer rouge.

Les traces couvrent plus de 150 kilomètres et ne semble pas être détournées par les obstacles. Ainsi, si elles s'arrêtent au pied d'un mur de cinq mètres de haut, elles reprennent immédiatement derrière sans laisser la moindre marque au sommet de celui-ci. Même chose ailleurs avec une meule de foin. Au contraire, dans une maison elles passent par une conduite de drainage de seulement quinze centimètres de diamètre. A un autre endroit, elles franchissent les trois kilomètres et demi de l'estuaire de la rivière Exe. Les villageois ne tardent pas à se dire que ces traces ne correspondent à celle d'aucun animal connu, la rumeur commence à évoquer le diable...

Au milieu du XIXe siècle, les nouvelles voyagent encore lentement et il faut attendre la sortie du London Time du 16 février 1855 pour que cette nouvelle soit connue à Londres. Mais se sont les témoignages publiés peu après dans l'Illustrated London News qui déchaînent les passions. D'abord, les londoniens se moquent de ces histoires de prétendue créatures inconnue et de la véritable psychose qui s'est installée dans le Devonshire. L'affaire leur semble la preuve que les provinciaux sont toujours sous l'emprise de superstitions médiévales. Mais alors que les informations se précisent, le caractère du cas apparaît de façon évidente. Le relevé minutieux d'un naturaliste du Devon suggèrent que les traces si régulières ne peuvent provenir que d'une créature unique. Reste a découvrir quel animal, visiblement de taille modeste, est capable de couvrir 150 kilomètres entre le crépuscule et l'aube dans les conditions décrites.

devonshire

Sir Richard Owen, célèbre paléontologue et créateur du mot 'dinosaure', examine alors les dessins des empreintes et déclare ( Réponse surprenante pour un savant de son envergure ) qu'elles sont le fait d'un groupe de blaireaux. D'autres suppositions tout aussi farfelues sont avancées: On parle de l'oeuvre d'un plaisantin, d'un âne, d'un kangourou échappé d'un zoo, d'une grande outarde, de crapauds, d'un rat, de loutres et même....d'un lièvre boiteux !!!! En dehors de l'hypothèse diabolique, les habitants de la région penchent plutôt, eux, pour celle d'un âne, surtout à cause de la forme des empreintes. Mais personne ne parvient à expliquer comment l'âne en question a pu monter sur le toit de plusieurs maisons ou passer sur le rebord d'une fenêtre au deuxième étage sans se faire remarquer...

Les mois s'écoulant et la 'bête' ne se manifestant plus, l'affaire cesse de faire la une de la presse. Seuls les spécialistes et amateurs de curiosités demeurent intrigués, aujourd'hui encore, par ce surprenant mystère. Ils ne croient pas en effet à la thèse la plus souvent retenue d'une supercherie montée par quelque esprit malicieux du XIXe siècle. Aucune tentative d'explication faisant intervenir un seul phénomène physique ou météorologique n'est acceptable dans la mesure où les traces présentent toutes les caractéristiques de la piste habituelle d'un animal doté de sabots. A ceci près toutefois qu'il aurait été unijambiste et doué d'extraordinaire talent d'acrobate. Comment s'étonner alors qu'un siècle et demi plus tard, certains y voient toujours l'oeuvre du diable en personne ?

La polémique qui se développe dans l'Illustrated London News fait resurgir d'autres affaires d'empreintes en forme de sabot demeurées inexpliquées. Mais le XIXe siècle n'a pas le monopole de ces traces mystérieuses, il existe aussi des relations remontant bien plus loin dans le temps. Un manuel d'histoire japonais cite un cas similaire en 929 à l'intérieur même du palais impérial. Le moine bénédictin Flavellus, d'Epernay, parle de démons laissant des traces monstrueuses pendant une tempête en 943, tout comme les témoins de la ville de Scarborough en 1065. Enfin l'abbé anglais Ralph de Coggeshall relate un phénomène semblable survenu à York sous le règne de Richard Coeur de Lion ( 1189-1199 ), puis un autre cette fois en 1205.

Suite à l'affaire de 1855, un correspondant allemand du magazine Illustrated London News signale des marques similaires apparaissant tous les ans sur une colline de Galicie, et un autre lecteur rappelle que le célèbre explorateur James Ross en a trouvé aussi en 1840 sur l'île de Kerguelen où ne vit aucun animal à sabots. Dans le Times du 14 mars 1840, il est fait mention d'autres traces s'étendant sur des kilomètres près de Glenorchy en Écosse. Plus tard on en retrouvera également de tailles diverses, en Nouvelle-Zélande ( 1886 ), sur les plages de New-Jersey aux États-Unis ( 1908 ), en Belgique ( 1945 ), à nouveau dans le Devon ( 1950) ainsi qu'en Écosse ( 1952 ) et enfin sur les pentes de l'Etna, en Sicile ( 1970 ).

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